Lors de la création de votre société, vous avez été confronté au choix délicat du bon statut juridique. Ce choix n’est jamais définitif et il est toujours possible de modifier la forme de votre société pour qu’elle continue de se développer et de s’adapter à vos projets. Bien que fréquentes, les transformations de sociétés n’en restent pas moins un grand changement qui nécessite un certain nombre de formalités et de précautions.
Pourquoi modifier le statut juridique de sa société ?
La transformation d’une société consiste à passer d’une forme juridique à une autre. L’article 1844-3 du Code Civil pose le principe de la continuité de la vie de la société et de la personne morale. Concrètement, les contrats en cours se continuent, les dettes persistent, les droits et les obligations aussi. La nécessité d’adopter une autre forme de société peut se faire sentir pour plusieurs raisons :- Un changement d’échelle dans le développement de la société : faire entrer de nouveaux associés si on était seul ou limité par un nombre légal comme dans une Société à Responsabilité Limitée ou simplement combler un besoin de financement par de nouveaux apports dans une société ;
- L’envie de s’affranchir de certaines contraintes : opter pour le statut plus protecteur d’assimilé-salarié, limiter sa responsabilité financière, optimiser sa fiscalité, etc.
Les étapes de la transformation d’une société
La tenue d’une Assemblée Générale
La tenue d’une Assemblée Générale Extraordinaire est nécessaire car la transformation d’une société n’est pas une décision mineure. Tous les associés doivent avoir été convoqués, dûment informés et être présents ou représentés. Un vote d’approbation sur la décision de transformer et les modalités d’organisation de la transformation a lieu. Les règles de vote dépendent de la forme choisie, par exemple :- Pour une SARL vers une SAS : décision à l’unanimité ;
- Pour une SARL vers une SA : décision à la majorité des 2/3 des parts sociales en principe ;
- Dans une société unipersonnelle : décision de l’associé unique.
La modification des statuts
La modification des statuts est indispensable. En effet, la forme de la société est un des éléments essentiels devant figurer dans les statuts. Mais ce sont surtout les changements entraînés par la modification du statut juridique qui sont importants : les règles de prise de décision, l’obligation de nommer un commissaire aux comptes, le seuil maximum du capital social s’il y en a, etc.Les formalités obligatoires
Il faut déposer un dossier de transformation au greffe du Tribunal de Commerce ou au Centre de Formation des Entreprises. Les éléments du dossier à fournir sont :- Formulaire de déclaration de modification de la société (M2) ;
- Les statuts modifiés ;
- Le procès-verbal d’assemblée générale entérinant la modification ;
- La copie de l’annonce parue dans un Journal d’Annonces Légales.
L’éventuelle nomination d’un commissaire à la transformation
L’article L 224-3 du Code du Commerce rend obligatoire la nomination d’un commissaire à la transformation pour permuter vers une Société par Actions (SARL, SAS, etc.) dès lors que la société n’a pas de commissaire aux comptes. Il est nommé par décision de justice ou par accord entre les associés. Le commissaire fait un rapport évaluant la valeur des biens et des actifs de la société. Ce rapport est déposé au greffe au moins 8 jours avant la tenue de l’Assemblée Générale statuant sur la transformation. À noter, il peut y avoir d’autres formalités spécifiques à la forme juridique : par exemple, rapport préalable d’un commissaire aux comptes sur la situation de la société dans le cas de la transformation d’une SARL.Le cas spécifique du passage d’une Entreprise Individuelle ou d’une Micro-Entreprise à une société
Le changement d’une Micro-Entreprise ou d’une Entreprise Individuelle vers une société (SASU, EURL, etc.) est moins complexe. En effet, il faut procéder en trois temps :- Créer une SASU ou une EURL (la nouvelle société) ;
- Fermer l’entreprise existante ;
- Apporter le patrimoine de l’entreprise à la société par cession du fonds de commerce ou apport des actifs.